Ariane Bois, Dakota Song, Belfond, 2017
Par François Lechat.
Ariane Bois, jeune auteure française, propose ici un roman qui la déporte dans le temps et l’espace. Le récit se situe dans les années 1970 et dans un immeuble, le Dakota, qui abrite à Manhattan, face à Central Park, le gratin le plus huppé de la ville, rien de moins que Lauren Bacall, John Lennon, Rudolf Noureev, Leonard Bernstein… Cela pourrait donner un roman très snob, ou voyeuriste, mais c’est juste l’inverse. C’est que le héros qui nous sert de guide est un jeune Noir qui a dû fuir Harlem et accepter un job obscur au Dakota, dont il observe les mœurs et les intrigues à hauteur d’homme, sans surjouer l’admiration ou la fascination, ni en rajouter dans le complexe social envers les Blancs. L’autre astuce est de tenir le cap d’un roman choral : nous suivons la destinée d’une belle brochette de résidents imaginaires, tous socialement favorisés mais tous, aussi, en butte aux aléas de l’existence, qui donnent l’occasion d’échappées dans la ville, le New York bouillonnant des années 70, tiraillé entre révolution artistique et sexuelle et tensions raciales et politiques. Cela pourrait donner un résultat un peu brouillon, ou clinquant, mais l’auteure se limite habilement à des allusions insérées dans l’intrigue, sans jamais appuyer. Elle ne dédaigne pas le drame, qui frappera plusieurs personnages, ni l’humour, auquel se prêtent les drôles de mœurs des riches, mais elle lie l’ensemble d’une écriture fluide, faussement simple, directe et évocatrice. Un roman à éviter, sans doute, s’il l’on ne connaît rien de son contexte, mais à savourer dans l’hypothèse inverse.
Catégorie : Littérature française.
Liens : le livre chez l’éditeur.
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