Pauline Delabroy-Allard, Ça raconte Sarah, Ed. de Minuit, 2018
Par François Lechat.
Jusqu’au bout, j’ai hésité entre l’admiration et l’ironie. Pour être juste, j’opte pour l’admiration, car ce premier roman mérite les louanges de la critique. Cette passion amoureuse entre deux femmes est prenante, touchante, lyrique, pleine de brio, d’envolées, de détails qui font mouche, de passages qui donnent envie de tomber en amour – même si celui-ci, comme il se doit, aura sa part d’ombre et de drame. Il serait étonnant que ce livre ne remporte pas l’un ou l’autre prix : je pourrais citer une foule de passages où le talent de l’auteur éclate, presque toujours sans fausse note.
Pourquoi parler d’ironie, alors ? Parce qu’il s’agit ici d’une quintessence du roman d’auteur à la française, un peu à la manière d’En attendant Bojangles. C’est brillant et enlevé, mais assez typique d’un milieu bourgeois, aussi : l’épicentre de l’histoire est à Paris, la narratrice est enseignante et l’héroïne violoniste, la première se rendra en Italie et la seconde au Japon, les références culturelles abondent, Sarah est un peu foldingue et toujours imprévisible… Cela n’enlève rien aux qualités déjà dites, et il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études pour apprécier : il suffit d’aimer l’amour, magnifié ici avec un talent rare. Mais on a fait plus original, et plus ancré dans le réel. A lire comme on regarde Jules et Jim ou un film avec Luchini : pour s’offrir une parenthèse enchantée.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur. Notre critique d’En attendant Bojangles.
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