Joy Majdalani, Le goût des garçons, Grasset, 2022
— Par François Lechat
D’habitude, on considère que ce sont les garçons qui, à 13 ans, commencent à être obsédés par les filles, leur corps, la sexualité, et à chercher toutes les occasions de découvrir le plaisir. Ici, le propos est inversé, et c’est d’autant plus frappant qu’il se situe au Liban, dans le monde de la bourgeoisie catholique francophone qui envoie ses enfants dans des collèges très stricts, dirigés par des religieuses. La quête de la narratrice ne vise donc pas seulement l’amour et le désir, mais aussi la soustraction à tous les contrôles, familial, religieux, social… Et cette entreprise sera à la fois facilitée et compliquée par ces deux piliers de la vie adolescente, internet et les copines, qui peuvent à tout moment se retourner contre vous.
Joy Majdalani raconte tout cela avec un sens aigu du beau style, peaufinant ses phrases pour y insérer des mots crus ou des détails intimes sans se vautrer dans le vulgaire. Une ligne de crête que l’on retrouve aussi sur le fond, le regard féministe étant contrebalancé par un goût assumé des garçons. Pour autant que je puisse en juger, cela sonne vrai, tout en restant de la littérature. Une curiosité qui vaut le détour.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
Pour un autre livre à propos inversé : Isabelle Alonso, Roman à l’eau de bleu.