
Patrice Jean, La poursuite de l’idéal, Gallimard, 2021
— Par Marie-Hélène Moreau
Il est de plus en plus rare de nos jours de lire un roman aussi volumineux (496 pages sous forme de longs chapitres). Et tel n’est pas l’unique gageure de ce livre puisque, à la longueur, il associe la densité du récit.
De quoi s’agit-il ? Sous une forme que l’on pourrait qualifier d’ « Houellebecquienne », l’auteur nous invite à suivre la vie de Cyrille Bertrand (“notre héros” comme il le qualifie), poète putatif, éternel hésitant devant les complexités et opportunités de la vie. À noter cependant que la référence aux personnages de Michel Houellebecq s’arrête là, notre héros étant clairement moins déprimé que ceux de notre gloire nationale !
De son adolescence dans une petite ville de province dans laquelle il se rêve en Baudelaire à son arrivée laborieuse à Paris, nous le suivons au fil de ses amours contrariées, ses tentatives professionnelles hasardeuses, ses amitiés parfois douteuses. Il se cherche, indubitablement, un peu perdu dans ce monde foisonnant, se trouve parfois mais pas pour longtemps, hésite et s’interroge, et nous avec lui. L’occasion pour l’auteur, dans un style extrêmement fluide (même si l’on peut regretter certaines longueurs) d’alterner les considérations intimes (les émois amoureux, les désillusions amicales, les ambitions contrariées…) et sociétales (le capitalisme, le vide intellectuel du monde moderne, le monde de l’entreprise…). Tous sujets qui font échos aux débats actuels en en livrant une vision parfois un peu caricaturale et orientée mais souvent drolatique.
Un roman ambitieux donc, portrait de notre époque et ses travers, et dans lequel, si tout n’est pas totalement réussi, on se laisse facilement emporter.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
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