Titiou Lecoq, Chroniques de la débrouille, Livre de Poche, 2015 (réédition de Sans télé, on ressent davantage le froid, Fayard, 2014)
Par Catherine Chahnazarian.
Je suis un peu déçue bien que, des fois, je me sois vraiment marrée en lisant ce Titiou Lecoq très irrégulier, irrégulier comme le sont forcément les chroniques d’un blog personnel. Je ne savais pas que les Chroniques de la débrouille étaient issues d’un blog : je me renseigne toujours peu sur les livres avant de les lire car je déteste ne pas découvrir. J’étais donc prête à lire quelque chose d’au moins aussi bon que Les Morues (qui est un roman). Mais non, des chroniques autocentrées à demi adolescentes, ça ne passe pas en livre. Parce que tellement de gens savent le faire : se raconter en étant drôle, voire en faisant de l’autodérision et en en profitant pour dire des petites choses sur le monde… Les petites choses du monde, je préfère qu’elles me soient narrées, emballées dans un récit bien mené (ou, selon les cas, dévoilées par un homme ou une femme courageuse). Mais là, que me reste-t-il après cette lecture, même si j’ai ri ? Juste la certitude – mais la certitude toujours intacte – que Titiou Lecoq a du talent.
Selon l’humeur, ça peut être un chouette livre à lire, à laisser et à reprendre dans un rythme rappelant, justement, celui qui nous fait suivre un blog. Il y a des moments hilarants, notamment au début, quand elle parle de l’éducation nationale…
Mais, Madame Lecoq, j’attends votre prochain roman. J’avais beaucoup aimé Les Morues ! C’est d’ailleurs amusant de lire, dans les Chroniques de la débrouille, le travail réalisé sur ce roman.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez Fayard ; en Poche.
L’avis de François Lechat
Effectivement, comparées aux Morues, petit roman sans prétention mais plaisant, ces Chroniques de la débrouille pâtissent de leur procédé. Il y a du bon et du moins bon, et l’on n’est pas toujours d’humeur à lire des propos aussi légers que ceux-ci, dans les deux sens du terme. Ni à déceler ce qu’ils ont, parfois, d’assez fin sous une absence totale de vernis. En fait, il faut lire ce livre comme un San Antonio sans commissaire ni intrigue : pour le plaisir de s’encanailler avec un auteur qui emploie un langage de charretier, est obsédé par toutes les fonctions organiques et n’hésite devant aucun trait d’humour, mais au féminin, ce qui nous change. L’autodérision est reine, l’époque est jugée sans aménité, les femmes en prennent autant pour leur grade que les hommes : ça défoule et, encore une fois, c’est sans doute plus plaisant pour des lecteurs masculins, qui pourront se faire complices sans se sentir coupables.
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