Génération spontanée d’une mini-série sur Annie Ernaux – 2e épisode

Annie Ernaux, Le jeune homme, Gallimard, 2022
— Par Jacques Dupont
Elle, Annie, a 54 ans, et lui 24. Trente de moins.
Ils ont entamé une relation amoureuse.
Vivre, en jouir, écrire. Jouir et, à même cette plénitude, ressentir le manque, le reste à dire, et la nécessité de l’écrire. « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues. » Annie Ernaux place ces mots en exergue de sa nouvelle Le jeune homme.
C’est le récit de la relation amoureuse d’une femme à l’aube de son automne et d’un jeune homme, insolemment prodigue de sa fougue et de sa jeunesse ; mais aussi Le jeune homme montre l’émergence, la prise de forme d’un reste à dire bouleversant.
En attendant que ce reste se dévoile, les amants se retrouvent à Rouen, ville où elle a fait ses études. Ils couchent sur un matelas posé à même le sol. Les plaques électriques de la cuisine n’ont pas de thermostat. Il faut enfiler trois pulls pour supporter le froid. Le jeune homme est le porteur de la mémoire de son premier monde.
Il lui voue une ferveur, dont elle n’a pas souvenir. Avec lui, elle parcourt tous les âges de la vie, sa vie.
Elle lui offre des voyages, lui permet de ne pas travailler. Elle se sait dominante.
Femme scandaleuse, ce qu’elle a autrefois vécu dans la honte, elle le vit aujourd’hui avec jubilation, elle dont les passants passent le corps au crible lorsqu’ils se promènent. Elle joue avec l’idée d’une nouvelle maternité.
Puis vient le moment où ça bascule : son histoire avec le jeune homme est une répétition, et elle ne ressent plus que cette répétition…
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur ; tous nos articles sur Annie Ernaux sont renseignés à la page E de notre classement par auteur.
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